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31 août 2017

Lieu #12

Hôtel Beauséjour, 2017 - Photo © Yannick Vallet

Adresse : 1, rue Lepic - Paris 18e

Film : Un flic


124- EXTERIEUR NUIT

Caméra basse.

L'entrée de l'hôtel BEAUSE-
JOUR, 1 rue Lepic, à l'an-
gle de la place Blanche.
A gauche de l'écran, la bou-
tique : "LA MAISON DU BAS"
dont l'enseigne lumineuse
est alternativement rouge
ou bleue.
Un gardien de la paix devant
la porte disperse les ba-
dauds.

                                 L'AGENT
                                 Circulez Messieurs-Dames, il
                                 n'y a rien à voir ! …

Edouard Coleman, qui passait dans le quartier avec son adjoint (on vient de voir la Dodge Dart s'engager sur la place Pigalle), est appelé sur une scène de crime : … Où ça ? … On y va et je vous rappelle après …
Or à l'écran, on retrouve la description précise que Melville a écrite dans le scénario : effectivement, l'enseigne lumineuse clignote bien du rouge au bleu. Une preuve supplémentaire que le cinéaste connait parfaitement Paris, lui, l'enfant du 9ème arrondissement.

« Jusqu'en 1956 je traînais. Je ne pouvais pas aller me coucher. Le nombre de fois où Auguste Le Breton et moi, par exemple, nous avons pris un petit-déjeuner après une nuit sans sommeil, à la terrasse du Pigalle, place Pigalle, c'est qu'on attendait les premiers rayons du soleil pour se commander un café crème. » [1]

Et cela va encore plus loin dans la précision puisqu'après quelques recherches, j'ai découvert que l'Hôtel du 1 rue Lepic avait bien pour nom Beauséjour (il apparaît d'ailleurs sur certaines cartes postales du tout début du XXe siècle), mais il a fermé en 2008.

Pour Edouard Coleman, il s'agit là d'un lieu important, un lieu où il prendra conscience de sa propre mort [2] lorsque, confronté au regard vide de la prostitué assassinée, il détournera le regard … pour mieux découvrir quelques secondes plus tard les noms des héros de Melville inscrits sur le mur [3]. L'Hôtel Beauséjour, repère indéfectible d'un cinéaste où la vie et la création se croisent et s'entremêlent de manière profondément intime.


[1] In Jean-Pierre Melville : portrait en neuf poses de André S. Labarthe (Cinéastes de notre temps, 1971) 
[2] voir post du 11 juillet : Personnages 
[3] voir post du 11 mai : Décor#3