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6 février 2017

Décor #1


Chambre de Jef Costello (reconstitution), 2017 - Photo © Yannick Vallet
(d'après Jean-Pierre Melville)

Film : Le samourai
Adresse : Impasse des Rigaunes - Paris 19ᵉ

La chambre, l'antre, la planque de Jef Costello, à la fois refuge et repaire, est le seul et unique lieu où le héros de Melville semble se sentir en sécurité … jusqu'à ce que, brusquement, le monde extérieur fasse irruption.
Costello y a ici son seul ami, un bouvreuil vivant à l'abri d'une cage, une sorte d'ange gardien qui par son affolement inhabituel et son chant incessant, va prévenir Costello que quelqu'un est entré dans sa chambre durant son absence. Ce seront tout d'abord les deux flics venus déposer un micro-espion puis plus tard, le tueur de la passerelle venu lui proposer un nouveau contrat.
Le loup solitaire, qui se croyait à l'abri dans sa tanière, comprend soudainement qu'il est surveillé et que désormais, il ne sera plus en sécurité, nulle part …

Construite dans les Studios Jenner, la première version de la chambre a brûlé dans la nuit du 29 juin 1967, en plein tournage du Samourai. François de Lamothe, le décorateur du film a dû tout reconstruire dans les studios de Saint-Maurice.
« En fait, c'était une opportunité, pour moi, parce que les décors que j'avais faits rue Jenner étaient tous trop petits, trop exigus […] On ne pouvait pas faire plus grand dans ces studios, et il faut dire qu'ils étaient pratiquement en ruines : il pendait des fils partout, rien d'étonnant qu'il y ait eu finalement un court-circuit ! »[1]
Après l'accord de Melville, François de Lamothe se remet au travail :
« Il fallait d'abord refaire tous les plans, parce que les décors seraient plus grands. J'avais mon assistant, Théobald Meurisse, le neveu de Paul Meurisse. On a refait les plans, on a commencé à construire… Au lieu de construire les décors en quatre-cinq semaines, ce qui aurait été normal, on a réussi à le faire en quinze jours ! »
Lorsqu'on regarde le film, impossible de se rendre compte des différences de grandeur, pourtant bien réelles, entre les deux décors. Florence Welsch [2] se souvient du niveau d'exigence de Melville : « Je me rappelle qu'il n'arrivait pas à trouver le même tissu pour la cambre de Delon : il n'y en avait plus dans le commerce. Alors lui et son décorateur ont peint le dessus-de-lit pour imiter ce tissu, et c'était parfait ! Jean-Pierre avait un sens inouï du raccord. »


[1] François de Lamothe interviewé en 2007 par Denitza Bantcheva (Jean-Pierre Melville de l'oeuvre à l'homme)
[2] L'épouse de Jean-Pierre Melville interviewée en 1995 par Denitza Bantcheva (Jean-Pierre Melville de l'oeuvre à l'homme)